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Bill Coleman : une bulle de création dans le Grand Nord


Crédits photo : Bill Coleman


Installé à Nuuk depuis l’automne dernier, loin du confinement de nos centres urbains densément peuplés, Bill Coleman voit comme un cadeau l'opportunité de pouvoir poursuivre ses activités dans un environnement où le virus ne circule plus et où la vie a repris son cours normal. Avec 31 cas de COVID-19 recensés depuis la première vague, la pandémie a laissé peu d’impact sur le quotidien de la population groenlandaise, si ce n’est un resserrement des mesures d’entrée aux frontières du territoire. Si là-bas, comme ailleurs, le milieu culturel a été bousculé par des reports de spectacle et l’annulation des tournées, les théâtres ont pu cependant rester ouverts au public en limitant leurs jauges de spectateurs.


Dans ce cadre exceptionnel épargné par la pandémie, Bill travaille sur la mise en mouvement d’une pièce dirigée par la metteure en scène Patti Shaughnessy au Théâtre National du Groenland. Ce projet met en contact les cutures inuites du Canada et du Groenland à travers l'adaptation à la scène du roman d’un jeune écrivain originaire d’Iqaluit : « La pièce porte sur le voyage initiatique et la quête d’un chaman. À partir de la traduction du texte en groenlandais, on travaille avec des acteurs locaux en ayant recourt aux traditions groenlandaises de la danse du masque (Uaajeerneq) – un ancêtre du clown, sombre et étrange – et des chants de gorge. »


« Les cultures Inuites du Canada et du Groenland présentent des similarités et partagent certains mythes, mais chaque langue porte en elles-mêmes des différences subtiles dans la façon de se représenter les idées, les pensées et le monde,» explique Bill qui travaille régulièrement avec des artistes issus de communautés autochtones depuis les années 90.


Formé à l'origine en ballet, le bagage artistique de Bill s'est progressivement enrichi au fil de ses collaborations, de ses rencontres et de ses voyages, prenant un virage contemporain et décloisonné. L'immersion dans des lieux inédits et cadres socioculturels divers caractérise un pan de son approche artistique, alors qu'il développe des projets in situ des steppes de Mongolie aux Prairies, mais aussi en montagne, en forêt et dans des chantiers en zone urbaine –, travaillant de près avec des groupes locaux et créant à partir de la singularité des individus qu'il rencontre et de leurs pratiques.


Une performance née du confinement

Crédits photo : Wayne Eardley


Avant son départ pour le Groenland, l’artiste a passé le premier confinement dans la région de Toronto. Il venait juste de clore une tournée avec sa pièce Dollhouse quand la pandémie a frappé. Confiné dans un petit espace loin de la ville, sa pratique s’est déplacée naturellement à l’extérieur. Durant ses marches au long d’un chemin de fer, à partir de jeux d’équilibre sur les rails, il a composé la performance déambulatoire Le Flâneur, collectant des clous de la voie ferrée dans ses poches pour créer une cadence musicale et accompagner des séquences de claquette.


De cet entrainement qui avait pour but premier de stimuler sa créativité, l’artiste a tiré un solo déambulatoire qui a été présenté l’été dernier, hors les murs, à Montréal et à Peterborough. « Le Flâneur est un être qui marche avec un but, mais sans destination. C’est quelqu’un qui est en marge de la société, qui choisit de ne pas y participer, » explique l’artiste qui à travers ce personnage explore le thème très actuel de la dépossession. « C’est aussi un clin d’œil aux populations déplacées et dépossédées quand surviennent des catastrophes, telles que des guerres ou des épidémies. »


Trainant une inspiration et une créativité à l'épreuve de la pandémie dans ses bagages, après son passage au Groenland, Bill poursuivra sa trajectoire vers le Danemark avant de regagner nos terres confinées pour se lancer dans une nouvelle création, Sound of Mind & Body.


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